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Commandant BULLE

Résistance et Libération

 

L'armée des Alpes

va fournir une part de

l'encadrement militaire des maquis qui

contribueront à la libération du Sud-est de la France

 

Jean-Marie Bulle, capitaine courageux

    A l’entrée en guerre, le lieutenant Jean-Marie Bulle est affecte à la SES du 80° BAF, engagé en haute Tarentaise. Le 21juin, il repousse l’assaut d’un bataillon italien au terme d’un exploit unique dans la guerre en montagne : il descend en rappel du haut de la Tête d’Enclave, à 2 800 mètres d’altitude, en pleine tourmente ; accroché dans la paroi, il tire au FM sur les avant-gardes ennemies, les mettant en déroute. Au 6° BOA jusqu’à sa dissolution, il dirige ensuite les maquis du Beaufortain, parvenant à constituer un bataillon de mille cinq cents volontaires qui inflige de cuisants revers à l’adversaire. Le 21 août 1944, alors qu’il tente d’obtenir, sans effusion de sang, la reddition de la garnison d’Albertville encerclée par ses troupes, il est abattu par un officier hitlérien, au mépris de toutes les lois de la guerre.

 

 

 

Dans les clauses du traité d’armistice du 21juin 1940, le vainqueur concédait à la France le maintien d’une armée de cent mille hommes, en principe vouée au maintien de l’ordre intérieur, et implantée en zone non occupée. Cette petite armée, dite d’armistice, allait entretenir le culte de la revanche, notamment par le camouflage des matériels et par la préparation de la mobilisation contre l’occupant.

A sa dissolution, en novembre 1942, les meilleurs de ses cadres partent dans les maquis pour y organiser la résistance militaire, à l’instar du commandant Vallette d’Osia, des capitaines Anjot et Godard, du lieutenant Morel (1), du commandant de Reyniès, des capitaines Bulle et Tanant (2), du commandant Lassale, des capitaines Le Ray et Costa de Beauregard, ou du lieutenant Poiteau (3) ou bien encore du commandant Vigan­Braquet (4), parti avec la majorité de ses cadres dans la Résistance.

Jusqu’en novembre 1942, l’Armée d’armistice a pu entretenir auprès des cadres alpins, regroupés pour l’essentiel au sein de la 14° DM (5), l’illusion d ’une force de souveraineté dont la vocation était de préparer la reprise des combats. Beaucoup oeuvraient en ce sens.

Commandant BULLE

 

    Après l’invasion de la zone libre et la dissolution de cette armée, les cadres sont démobilisés. Pour nombre d’entre eux, il n’est pas question de baisser les bras, bien que rien, ni dans leur formation, ni dans leur culture, ne les prédispose au combat clandestin. 

    Confrontés à des choix difficiles, certains choisissent de rejoindre les Forces fran­çaises libres, comme le colonel Noiret (6) ou le colonel Duval (3). D’autres optent pour les réseaux FFC (renseignement et action) à l’image des commandants Pourchier ou Fourcaud (réseau Alliance). 

    D’autres, enfin, apportent leur contribu­tion à la résistance intérieure au sein des trois grands mouvements armés, l’Armée secrète (AS), l’Organisation de résistance de l’armée (ORA), et les Francs-tireurs et partisans français (FTPF).

(1)           27° BCA Annecy.

(2)           6° BCA Grenoble.

(3)           15/9.

(4)           20° BCA Digne.

(5)           14° Division militaire.

(6)           2° RA.

 

 

L’organistion miIitaire

 

Le théâtre d’opération alpin est découpé en deux régions :

— la Région 1, dont la capitale est Lyon qui s’étend jusqu’aux Hautes-Alpes. La résistance en Rhône-Alpes est très fortement marquée par les personnalités de Jean Moulin, du général Delestraint, créateur de l’Armée secrète, et du général Frère, commandant de la 14° DM, et fondateur de l’ORA ;

— la Région 2, qui couvre les départements méridionaux où la présence ennemie, dans l’attente d’un débarquement, est particulièrement lourde.

L'Armée d'Armistice

Le colonel Descour dit Bayard est chef d’état-major de la R1, tandis que le capitaine Lécuyer assume les mêmes fonctions pour la R2.

Chaque département est soumis à l’autorité d’une instance collégiale, le Comité départemental de libération nationale (CDL N), et se trouve divisé en un certain nombre de “secteurs” (1). A partir de la création, au début de l’année 1944, des commandements départementaux des Forces françaises de l’intérieur (FFI), les divergences de conception entre l’Armée secrète, l’ORA et les FTP finis­sent par s’estomper, au profit de l’oeuvre commune de libération nationale.

 

 

Les grands maquis aIpins

 

“Dans les Alpes... se trouvent de grands ensembles qui couvrent plusieurs départements le maquis assurément n’y occupe pas la totalité du terrain mais, organisé en de véritables forteresses, il peut foncer sur les troupes d’occupation, les maintenir dans un état permanent d’insécurité, les harceler, les retenir, les décimer” (Robert Aron, Histoire de la libération de la France).

Le maquis est le lieu de rencontre de différents refus : refus des exactions de l’occupant, refus du régime de collabora­tion, refus du Service du travail obligatoire (STO). A ces refus pourvoyeurs de troupes s’ajoute celui des cadres militaires qui rejettent la défaite et l’abaissement de la France, assurant l’encadrement et l’instruction des volontaires venus de tous les horizons. L’action des maquis est tributaire de deux conditions qui seront l’obsession des responsables l’arme­ment, qui ne peut être livré que par les parachutages alliés, et le ravitaillement des combattants.  

4° Cie de Chartreuse

Le relief, les difficultés de communication, le patriotisme des populations montagnardes, mais aussi l’encadrement militaire, assurent aux maquis alpins une efficacité et une notoriété qui les mettent au premier plan de la résistance intérieure. A côté du Vercors ou des Glières, les maquis de l’Oisans, du Beaufortain, du Briançonnais, de l’Ubaye ou du haut pays niçois paralysent l’action de l’occupant et le contraignent à une retraite préci­pitée et sans gloire au moment du débarquement de Provence.

 

   

La division aIpine et la Libération

“L ‘armée forgée par nous et celle levée sponta­nément n‘en forment qu’une, la grande, la puissante armée française” (général de Gaulle, Annecy, 4 novembre 1944).

En août 1944, une semaine après le débarquement de Provence, les Allemands sont pratiquement chassés des Alpes. Mais ils tiennent encore solide­ment la crête frontière, pour couvrir leur dispositif en Italie du Nord.

Le Général de Gaulle décorant le bataillon de Chambarand place des Terreaux le 14 septembre 1944

Le 5 septembre, dans Lyon libérée, le général de Lattre de Tassigny prend conscience de la valeur militaire et de l’enthousiasme des maquis alpins. Il décide alors de confier au Colonel Vallette d’Osia la reconstitution d’une division alpine, la 1° DAFFI, première grande unité issue des FFI à rejoindre la 1° Armée française. Quant au Groupement alpin Sud du comman­dant Lécuyer, fort de sept bataillons, il va donner naissance aux 3° et 141° RIA. La 1° DAFFI qui compte vingt mille hommes, devient le 1 7 novembre la 27° Division alpine, et se trouve engagée dans les Alpes du Nord pour livrer les ultimes combats de la Libération. Dans le massif du Mont-Blanc, on se bat au col du Midi, tandis que les canons du 93° RAM, hissés à l’aiguille du Midi, foudroient le téléphérique allemand du Mont-Frety. En Tarentaise, à partir du 23 mars 1945, la 5° DBCA se lance à l’attaque du Roc Noir, au-dessus du Petit Saint-Bernard. Le col de Rhême est franchi le 28 avril et les chasseurs poursuivent jusqu’à Aoste. Au Mont-Cenis, la 7° DBCA du lieute­nant-colonel Le Ray parvient à s’em­parer de vive force du Mont Froid et de la Pointe de Bellecombe les 5 et 6 avril. En dépit d’une contre-attaque victorieuse, les Allemands doivent refluer et la compagnie Stéphane parviendra jusqu’à Turin.

 

Au col de Larche, les 22 et 23 avril, un groupement alpin déloge l’adversaire au terme d’un épique débor­dement par les crêtes sud. Enfin, les durs combats de l’Authion, où le 3° RIA est engagé au côté de la 1° DFL, complètent la libération des Alpes-Maritimes.

 

Blocage d'une route
Tom Morel

Les Glières

“Héros des Glières, quelle est votre plus belle victoire ?... Pour tout dire, d’avoir déjà ramené Bir-Hakeim en France” (Maurice Schumann à la BBC, le 6 avril 1944).

Le 24 mars 1944, sept mille soldats de la Wehrmacht, soutenus par mille deux cents miliciens et GMR, montent à l’assaut du plateau des Glières, dans le massif des Bornes, ou se sont retranchés quatre cent soixante-cinq maquisards de l’Armée secrète, encadrés par le lieutenant Tom Morel et les chasseurs du 27° BCA d’Annecy. A un contre vingt, dépourvus d’armes lourdes, écrasés par la Luftwaffe, les défenseurs vont résister quatre jours, avant de succomber sous le nombre. Mais le 1” mai, les rescapés réoccupent le plateau, et le 19 août les FFI haut-savoyards libèrent leur département plusieurs jours avant l’arrivée des Alliés.

 

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